Un bloc notes créé en janvier 2006 à vocation d'abord personnelle. Si cela en intéresse d'autres tant mieux sinon... tant pis !

mardi 8 mars 2011

n° 694 : De quoi Sarkozy est-il le nom ?

De quoi Sarkozy est-il le nom ? +++I (n° 14 836)

Le 3 mars 2011, j'ai fini de lire le lire d'Alain BADIOU, De quoi Sarkozy est-il le nom ? , Editions Lignes, 2007.

Ce que j'ai aimé :

1°) C'est un ouvrage très intéressant pour comprendre la philosophie marxiste en 2007 à partir de l'étude de l'élection de Nicolas Sarkozy. Il y a des analyses très intéressantes de la démocratie parlementaire avec le prisme de ce courant de pensée qui est très marginalisé aujourd'hui après avoir occupé le devant de la scène pendant une grande partie du XXe siècle.

2°) Il y a vraiment une analyse très intéressante des courants de pensée qui structurent la vie politique aujourd'hui. Le Sarkozysme repose sur une peur, une inquiétude. Quand au Parti Socialiste, il n'a comme moteur que la peur... du Sarkozysme. ("La passion de la clientèle socialiste est la peur de la peur" (page 31). En lisant le livre, je me suis même demandé avec les sondages actuels qui mettent Marine Lepen à 24% dans les sondages si le FN ne repose pas sur une peur encore plus grande ce qui permettrait à Nicolas Sarkozy de se présenter comme le rempart de ceux qui ont peur du FN.

3°) Il y a des propos acides qui prêtent à rire (même si je crainds que M. Badiou ne les dise sans en avoir conscience) : "Napoléon-le-très-petit" à propos de Nicolas Sarkozy (page 9) la "tocarde" à propos de Ségolène Royal (dont les "convictions étaient ausssi suspectes que vagues") (page 29), les "rats" à propos des partisans et des ralliés de gauche à Nicolas Sarkozy lors de sa prise de pouvoir. "Il faut reconnaître à Sarkozy une profonde connaissance de la subjectivité des rats. Il les attire avec virtuosité".

4°) Une idée est intéressante : la guerre est l'horizon de la démocratie (page 17) avec comme corolaire l'idée qu'un Etat légitimé par la peur est habilité à devenir terroriste (page 15).

5°) L'auteur diagnostique un néo-pétainisme général qui va de la Droite à la Gauche puisque Ségolène Royal en serait aussi atteinte. "Le pétainisme c'est le fascisme (peur, délation, mépris des autres) sans son élan vital". L'alliance des peurs (page 20). Le pétainisme repose sur une "désorientation" dont Nicolas Sarkozy... le nom. Il repose sur plusieurs idées : 1. La servilité à l'égard des puissants (dont le pouvoir est considéré comme un état de fait qu'il faut accepter ; 2. l'idée d'une crise moral ;  3.  événément néfaste fondateur ; 4. Les modèles pris à l'étranger 5. L'idée d'une supériorité de notre Civilisation sur les populations étrangères.

6°) Il y a une présentation très éclairante du point de vue des révolutionnaire pour lesquels la démocratie n'est pas le pouvoir de la majorité mais celle d'une conscience agissante "Pourquoi diable 51% des Français seraient-ils "les Français" ?".

7°) Ce philosophe marxiste rend un hommage remarquable à De Gaulle : "La vertu principale, voire unique, de De Gaulle était de ne jamais avoir peur" (page 31)

8°) Renonçant à la peur, M. Badiou nous invite à la vertu au sens du courage ce que je trouve une belle idée (page 96). Une idée que l'on trouve dans le livre de Nicolas Machiavel dans le Discours sur la Première décade de Tite-Live. 

9°) On comprend le point central sur lequel repose l'idéologie marxiste page 99 : "Il faut accepter héroïquememente de dissoudre l'individu dans un face à face avec le point à tenir"... C'est ce qui fait que j'ai du mal à pouvoir rentrer dans cette religion.

10°) Le passage que j'ai trouvé le plus intéressant concerne la "corruption" de la démocratie au sens non pas du tous pourris mais l'idée de la capacité à pourrir de ce régime du fait de "l'asservissement de la puissance gouvernementale au cours des affaires". A ce titre, l'erreur initiale de Nicolas Sarkozy c'est sa soirée au Fouquet's puis son escapade sur le yacht d'un riche milliardaire le lendemain de son élection. L'auteur cite fort justement Montesquieu (un philosophe qui n'a rien de marxiste) : la Démocratie ne peut pas fonctionner sans la VERTU (page 120)

Ce que j'ai moins aimé :

1°) Cela a toujours tendance à me faire rigoler les grands penseurs bourgeois qui se donnent des frissons en tenant des propos transgressifs et d'inspiration révolutionnaire. Alain Badiou avait 70 ans quand il a écrit ce livre et à son âge on pourrait s'attendre à un peu plus de mesure et de raison dans les points de vue.

2°) Il y en a des tartines et des tartines de discours empathique à l'égard de la classe prolétaire immigrée sans papier. Le "Malien de la plonge" devient l'homme sublime de la philosophie de M. Badiou.

3°) Les citations répétées de la pensée du camarade Mao sont agaçantes car cette façon de désigner ce personnage comme un grand penseur, alors que c'était un vrai salopard, est très gênante. Le grand timonier était un Père Ubu dont je ne vois pas comment on peut le consirérer comme un modèle. Surtout quand on voit son héritage en Chine Populaire aujourd'hui.

C'est un livre excessif mais qui donne à réfléchir ce qui ne fait pas de mal par les temps qui courent et même si penser finit par déranger certains.

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