Un bloc notes créé en janvier 2006 à vocation d'abord personnelle. Si cela en intéresse d'autres tant mieux sinon... tant pis !

dimanche 31 janvier 2010

n° 599 : Une Allemagne contre Hitler


Une allemagne contre Hitler de Günther WEISENBORN +++I (N°14 435)

Le 30 janvier 2010, j'ai fini de lire le livre de Günther WEISENBORN, Une Allemagne contre Hitler, Edition du Félin, 1998, réédition 2007 (1ère édition en allemand, Rowohlt, 1953). J'ai acheté ce libre à la librairie du mémorial de la Shoah.

Ce que j'ai aimé :

1°) Tout comme le mémorial de la Résistance allemande (Gedenkstätte Deutscher Winderstand) que j'ai visité à Berlin cet été, ce livre nous rassure sur le genre humain et les Allemands en particulier. Non, ils n'ont pas été tous des salauds soutenant fanatiquement le nazisme entre 1933 et 1945. Comme il l'est écrit page 19 Ricarda HIRSCH, à propos des résistants allemands, "Ils alimentent en nous cette foi dans la part divine de l'être humain". (page 19)

2°) l'ouvrage commence par une très intéressante préface d'Alfred GROSSER qui, comme toujours, trouve les mots justes pour présenter ce livre. Il rappelle que par l'article 19 de la convention d'armistice de juin 1940la France s'était engagé à livrer à l'Allemagne tous Allemands présents sur le territoire français. Pour cette raison, le dirigeant du SPD, Rudolf Hilferding, assigné en résidence à Arles, a été livré à la Gestapo par le gouvernement de Vichy en février 1941. Il a été immédiatement assassiné.

3°) L'auteur estime qu'entre 1933 et 1939 environ 1 million de personnes ont connu l'expérience des camps de concentration. (page 28). De 1933 à 1945, les seules autorités judiciaires prononcèrent 12 500 condamantions à mort. (page 27). un demi-million de personnes furent arrêtées en 1944 ! (page 182)

4°) j'ignorais que le régime nazi avait interdit les grilles de fer forgé devant les maisons afin que la police (et les S.A.) puissent intervenir partout. (page 37).

5°) J'ignorais que le receuil du roi saxon prévoit que "L'homme doit résister à son roi lorsque celui-ci commet une injustice et il doit aider ceux qui s'opposent à lui de toutes les manières, même s'il est son parent ou son vassal. En agissant ainsi, il ne manque pas à son devoir de fidélité". (page 47).

6°) Sur les 525 000 Juifs qui étaient en Allemagne en 1933, 295 000 ont émigré, 215 000 ont été tués; Il ne restait que 15 000 Juifs en Allemagne en 1945.

7°) L'ouvrage insiste énormément sur la place des religions dans la résistance au nazisme. La foi semble plus que tout avoir donné à de nombreux opposants la force de résister.

8°) L'ouvrage cite la lettre pastorale des évêques (catholiques) allemands du 22 mars 1942 : ce texte évoque "les droits de l'homme que Dieu a donné à l'humanité. Tout homme est concerné par le respect et le maintien des droits. [...] Tout homme possède, de par sa nature, le droit à la liberté indivuduelle". le texte le plus célèbre est le sermon prnoncé par l'évêque de Munster, le comte Von Galen, le 3 août 1941. I ldénonce les meurtres contre les handicapés mentaux (pages 60-61). Il rappelle le paragraphe 211 du code pénal :" quiconque tue volontairement un être humain, lorsqu'il accompli cet acte en toute conscience, sera puni de la peine de mort pour cet assassinat" puis l'article 139 :"toute personne qui a la connaissance d'un crime, l'approuve et s'abstient de prévenir à temps les autorités, fera l'objet de poursuites pénales". de nombreux prêtres furent envoyés en camp de concentration pour avoir oser reprendre cette lettre.

9°) De nombreux prêtres refusaient de faire le "salut allemand". Certains sont morts en camp de concentration pour cette raison.

10°) Le gouvernement nazi a été édicté toute une législation pour interdire le scoutisme afin de réserver le monopole des activités sportives aux Jeunesses Hitlériennes. Le 1er décembre 1936, toute la jeunesse allemande fut contrainte d'intégrer les jeunesses hitlériennes.

11°) Pour les pasteurs, le personnage le plus emblématique est Martin Niemöller, qui prêchait notamment à l'église de Dahlem à Nerlin. Il fut arrêté le 27 juin 1937.

12°) Le pasteur Ernst Behrend refusa d'effectuer le "salut allemand". Pour cette raison il fut arrêté en 1940 et il fut exécuté à Dachau le 4 août 1942.

13°) A propos de l'armée et des S.S., ce très bel exemple : Rolf Zimmermann, soldat de 26 ans, fut nommé en 1938 comme SS au camp de Dachau. Il profita de son 1er congé pour se suicider parce qu'il "ne voulait pas trahir sa conception de l'humanité". (page 153)

14°) Le président du groupe SPD au Reichstag prononça le 23 mars 1933 le discours pour refuser les pleins pouvoirs à Hitler. C'est le premier grand appel à la résistance.

15°) Certains groupes de résistance en Allemagne ont été des réseaux européens qui réunissaient des Allemands, des prisonniers et des travailleurs forcés (par exemple français). On peut citer le groupe "Union Européenne" formé à Berlin en 1942.

16°) La conclusion page 302 "Il est grand temps que notre peuple et que le monde comprennent ue peu de peuples, comparés au peuple allemand, firent des sacrifices aussi terribles pour défendre leur liberté" (page 302).

17°) En annexe on peut trouver des compte-rendus de procès qui montrent que l'on pouvait être dénoncé par n'importe. La notion de spère privée n'existait pas (pages 338-339). Il est intéressant aussi de lire le long compte-rendu de l'enquête et du procès qui se finissent par la condamnation à mort d'un monsieur de plus de 70 ans qui a écrit des graffiti hostiles à Hitler dans des toilettes publiques  (pages 345 à 363).

18°) Les lettres de jeunes allemands écrits à leur proche juste avant leur exécution sont des témoignages boulversants qui montrent que la lettre de Guy Moquet n'est qu'une parmi tant d'autres et qu'il faut vraiment manquer de recul pour lui donner une importantce historique particulière. A moins que ce soit un manque de Culture !

Ce que j'ai moins aimé :

1°) Je ne suis pas convaincu par le classement des différentes catégories de résistances : les religieux, "les citoyens", l'armée, les ouvriers, les intellectuels.

2°) L'auteur met sur le même plan la résistance des différentes périodes. Il peut passer d'un paragraphe à l'autre d'une exécution d'un résistant en 1933 à une autre au début de l'année 1945. Il me semble que les contextes sont vraiment très différents. Une approche chronologique (mise en place de la dictature 1933-1935, marche à la guerre 1935-1939, époque des victoires militaires 1939-1942, époque des défaites et de l'effondrement 1942-1945 serait préférable.

3°) En ce qui concerne la résistance dans l'armée, je trouve que l'on mélange les actes de résistance volontaire avec des attitudes un peu différentes comme le refus de combattre.

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