Un bloc notes créé en janvier 2006 à vocation d'abord personnelle. Si cela en intéresse d'autres tant mieux sinon... tant pis !

dimanche 5 octobre 2008

n° 504 : Young Stalin

Young Stalin ++++ (N° 13 952)

Le 2 octobre 2008, j'ai fini de lire le livre de Simon Sebag MONTEFIORE, Young Stalin, Editions Phoenix, Londres, 2008, 1ère édition, Weidenfeld & Nicolson, 2007.


Ce que j'ai aimé :

1°) C'est un livre passionnant à propos de la jeunesse de Joseph Djougachvili né le 6 décembre 1878 (calendrier russe)  (il réussira à faire croire qu'il est né le 21 décembre 1879) et plus connu seulement juste avant la 1ère guerre mondiale sous le pseudonyme de Staline, du nom peut-être d'une de ses maîtresses : Ludmilla Stal (pages 211 et page 225). On apprend qu'il a failli s'appeler Stefin car il avait pris aussi ce pseudonyme du nom d'une autre de ses maîtresses : Stephanie.

2°) On se rend compte que Staline était un vrai lettré : lors de ses études comme séminariste à Tbilissi, il a lu de nombreux grands écrivains. Il était même capable de lire Platon en version originale en grec ancien (page 62). Géorgien d'origine, il parlait bien sûr le russe, mais par la suite -notamment pendant ses exils en Sibérie- il a appris l'allemand et l'anglais.

3°) Le 1er ouvrage qui a été confisqué à Staline au séminaire car il s'agissait d'un livre interdit est un livre français : Les travailleurs de la mer par Victor Hugo (page 62). Par la suite, la lecture du livre Quatre-vingt treize de ce même écrivain semble avoir profondément marqué Joseph Djougachvili dans son évolution vers des idées révolutionnaires.

4°) Il semble que le futur Staline, de retour à Bakou, où il menait des activités révolutionnaires dans la cité pétrolère de l'Azerbaïdjan est vraiment été desespéré par la mort de sa femme Kato en novembre 1907. Staline semble par la suite avoir eu une coeur de pierre ! (page 199).

4°) Au printemps 1907, le futur Staline est venu à Londres assisté au congrès du parti bolchevik. C'est à cette époque qu'il a fait aussi son seul séjour à Paris (page 185).

4°) J'ai été absolument scotché par l'évocation du Staline des années 1900, à l'époque où pour "lever" des fonds pour le parti bolchevik, celui-ci n'hésitait pas à participer lui-même à des hold-up de banques et à mener des actes de piraterie contre des bateaux circulant sur la Mer Noire. Dès cette époque, Lénine a considéré que le futur Staline était un vrai homme d'action comme il lui en fallait. L'auteur n'hésite pas à parler d'une ferveur comparable à celle des terroristes islamistes aujourd'hui (page 230).

4°) Sous le nom de Soselo, Staline a écrit dans sa jeunesse un recueil de poésie Iveria considéré très tôt comme un classique de la littérature géorgienne -apparaissant même dès l'époque tsariste dans les anthologies de la littérature géorgienne- (page 57). Chaque chapitre du livre commence par un poême de Staline... Quand on pense au dictateur des 25 dernières années de sa vie, on a du mal à voir en lui un poète !

5°) On apprend qu'en 1910, Lénine a dirigé une école pour former les membres du parti bolchvik à... Longjumeau dans la banlieue parisienne !

6°) En 1913, Staline a vécu à Vienne. Le hasard fait qu'à la même époque Hitler y résidait aussi... Par la suite les deux dictateurs ne sont jamais rencontrés et donc c'est dans la capitale des Habsbourg qu'ils ont été physiquement les plus proches... tous deux aimaient se promener dans le parc du château de Schönbrunn (page 275). C'est en cette ville que Staline a écrit (pour la 1ère fois sous ce pseudonyme), Le marxisme et la question nationale, un livre qui a impressionné Lénine et l'a convaincu que Staline était non seulement un homme de main mais qu'il était un grand penseur. L'ouvrage est à l'origine du refus de prendre en compte la diversité nationale dans la future "Union Soviétique", un pays qui par son nom refusait la référence à toute nationalité.

7°) On se rend compte à quel point l'Okhrana et l'Etat tsariste jouaient au chat et à la souris avec les militants révolutionnaires : Staline a passé les années 1900-1917 entre les prisons et les exils en Sibérie d'où il était très facile de s'échapper (sauf lors du dernier séjour à parti de 1913 lors duquel il était très surveillé).

8°) On comprend -un peu mieux- la paranoïa de Staline dans les années 30 quand on apprend qu'un des personnages auxquels Lénine et Staline faisaient le plus confiance en 1913, Malinovsky, était un agent-double de l'Okhrana, la police politique tsariste. C'est à cause de lui que Staline a été envoyé en Sibérie en juin 1913.

9°) A méditer cette citation  de Trostski qui date de décembre 1917 : "Nous devons mettre fin une fois pour toute au bavardage des Papistes et des Quakers à propos du caractère sacré de la vie humaine" (page 369)... Une belle justification de tous les massacres commis au XXe siècle !

10°) L'ouvrage finit par une évocation du rôle de Staline dans les soubresauts de la Russie de 1917. Staline a joué un rôle décisif au cours de l'été 1917 puisque grâce à lui Lénine a échappé à une arrestation qui l'aurait empéché d'agir en octobre et d'organiser la prise du pouvoir.

Ce que j'ai moins aimé :

1°) L'épilogue de 22 pages dans lequel l'auteur évoque le destin de chacun des personnages connus par Staline pendant sa jeunesse. Rien de très passionnant !

Depuis septembre 2008, il est possible d'acheter ce livre en version française : Le jeune Staline.

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